En raison de l’exceptionnel état de conservation des parois (peintures …) et des sols (ossements, empreintes, coprolithes), la grotte Chauvet Pont d’Arc est un site remarquable, qui permet de relever et de s’interroger sur les fréquentations humaines et animales au cours du Paléolithique supérieur ancien (~45.000 - 28.000 ans cal BP). Parmi les témoignages originaux contenus dans la plupart des galeries de la cavité, depuis l’entrée paléolithique jusqu’aux parois ornées, figurent des restes osseux et plusieurs plages argileuses marquées d’empreintes attribués à de grands Canidés. La présence d’un Canidé “apprivoisé” avait été suggérée par M. A. Garcia à partir de ses relevés ichnologiques. Les conditions particulières d’étude (observations à distance, accessibilité des galeries, non manipulation des ossements, enfouissement partiel des vestiges et des traces) nécessitent une méthode d’étude adaptée afin de restituer au plus juste ces données paléobiologiques. Pour la première fois, un travail combinant données paléontologiques et ichnologiques est proposé pour des Canidés pléistocènes en contexte karstique (relevés et code de mesurages des empreintes, diagnose ichnologique). A partir de relevés photogrammétriques et des modélisations 3D des ossements suffisamment visibles (n=10) et des empreintes sub-complètes (n=17), une étude comparative reposant sur l’ostéométrie et la morphologie des restes osseux et empreintes de grands Canidés eurasiatiques modernes et fossiles, suggère la présence de deux taxons, le loup (Canis lupus) et le cuon (Cuon alpinus). Une discussion sur des considérations paléoéthologiques (occupation naturelle des cavités profondes, association avec les secteurs anthropisés (art, empreintes humaines) est enfin abordée.